• George Pemba

      

    George Pemba, peintre sud-africain, par Priscillia Grondin

     

    George Pemba est d'un peintre sud-africain né en 1912 à Hillkraal. Il a été encouragé par son père dans la peinture depuis son plus jeune âge . Il commence à peindre des fresques murales dans la maison familiale et des portraits des employeurs de son père grâce aux photos.

    En 1931 George Pemba a sa première formation artistique avec Ethel Smythe qui enseigne à l'université de Collège de Fort Hare. Il lui apprend les lois de la peinture à l'aquarelle comme le mélange des couleurs. Inspiré par Rembrandt et Velasquez qu’il découvre dans des livres d'art, il s’efforcera d’obtenir une formation universitaire qu’il peinera à obtenir.

    En 1937 Il étudie clandestinement pendant 4 mois avec le directeur de l'université Rhodes grâce à la complicité d’Austin Moore.

    En 1942, il visite le Cap. Il y rencontre Gerald Sekoto, qui lui conseille de peindre à l'huile, et John Mohlet, qui lui conseille de peintre à plein temps.

    En 1944, Il obtient une subvention supplémentaire de la welfare trust bantou. Il en profite pour voyager à Johannesburg, Durban, Basutoland et Untata, et faire des croquis des peuples noirs dans leurs cultures traditionnelles.

    En 1948 il expose en solo avec succès à port Elizabeth. Il décide de lancer sa propre entreprise et d'ouvrir son magasin pour aider sa famille en difficulté financière depuis la mort de son père en 1928.

     

     

     

    George Pemba, peintre sud-africain, par Priscillia Grondin

     

    Pendant un moment George Pemba ne se manifeste pas, jusqu'à en 1976 où il reçoit une maîtrise honorifique des arts de l'université à Fort Hare. Il peint des personnes noires, vêtues de façon traditionnelle, et privilégie le milieu urbain au milieu rural.

    En 1996 il fait l'objet d'un grande exposition organisée par South African.

    George Pemba meurt en 2001.

      

    George Pemba exprime dans ses tableaux sa haine sa haine de l'injustice et de l'apartheid. Peignant la lutte des peuples noirs dans la vie quotidienne, humblement et avec humour.

     

     

    On the reverse (1987)

     

    Ce tableau est peint à l'huile sur une planche de dimension 48,5x65cm

     

     

    George Pemba, peintre sud-africain, par Priscillia Grondin

     

    Sur ce tableau de George Pemba, on distingue une ville à l’arrière-plan, peut-être la ville du Cap . Cette ville est majoritairement habitée par des blancs car les noirs ne pouvaient pas vivre au cœur de la ville à cause de la ségrégation. Au milieu du tableau, on voit un serpent sortir de la fumée émanant de la ville . Le serpent est un symbole du mal. On peut penser que, dans ce tableau, il incarne la violence et le racisme des blancs envers les noirs. Et au premier plan, on voit des personnes noires qui quittent leur ghetto pour fuir à cause du serpent. On comprend que ces personnes sont chassées de chez elle à cause de l'apartheid, et qu'elles courent pour échapper à la violence des policiers. Dans les années qui ont suivi la mise en place de l'apartheid, des millions de noirs ont été chassés de chez eux et relogés à l'écart des villes, dans des ghettos réservés aux noirs.

     

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  • Roa 

     

    Roa est né en 1975, c’est un artiste urbain belge. Il est mondialement connu pour ses fresques animalières géantes.

    En 2008, il commence à peindre des rats géants dans un entrepôt abandonné de Gand, sa ville d’origine. Roa est un globetrotteur, c'est-à-dire qu’il voyage beaucoup dans le monde et a peint en Australie, aux États-Unis, en Afrique et en Europe. Il a également exposé ses œuvres en dehors de l’espace urbain, dans des galeries, à Berlin, Perth, Londres, Los Angeles ou la galerie de Melbourne.

     

    Roa, artiste urbain, par Orlane Hoareau

    Roa aborde sa peinture de façon différente, selon la ville, le désert ou dans une galerie. Il développe de plus en plus des effets d'anamorphose (déformation réversible d'une image à l'aide d'un système optique)  pour exploiter au maximum le contexte, et particulièrement la structure du support.

    Roa travaille en noir et blanc avec des brosses et des bombes aérosols. Occasionnellement il ajoute un peu de rouge ou de vert. Pour couvrir les surfaces larges, il utilise de la peinture blanche à base de latex qu'il applique au rouleau, puis une peinture à bombe aérosol noire, et enfin un marqueur pour les détails tels que les poils.

    Roa considère la peinture comme un besoin et une démarche thérapeutique. Il décide de ce qu’il va peindre qu’au moment où il se trouve sur le lieu. Il s’inspire des gens, des légendes, des matériaux à sa disposition et de la forme du mur. C'est pour ces raisons qu’il peint les animaux locaux.

    Il les représente avec une précision extrême en reprenant le style graphique anatomique des vieux manuels de médecine. Parfois ils sont morts, vivants, ou même en phase de décomposition. Roa est fasciné par les animaux car ils sont porteurs d'une interprétation différente suivant les cultures.

     

    Roa, artiste urbain, par Orlane Hoareau

     

    À travers ses œuvres il invite à s’interroger sur leur importance dans le monde actuel. Représenter des animaux dans des environnements urbains est une manière de réintégrer la nature dans des lieux bétonnés ou abandonnés par les humains. Roa veut que chacun se fasse sa propre interprétation de ses œuvres. Il peint des œuvres gigantesques car pour lui c’est bien mieux de peindre des grands formats. Ce fort impact visuel crée une situation surréaliste dans un milieu urbain.

    En 2010, le Hackney Concil a menacé d’effacer le lapin géant situé sur Hackney Road. Une vague de protestations s’est levée contre cette décision. Une pétition signée par 2000 personnes a permis de sauver l’œuvre qui faisait polémique. Les habitants ont affirmé que ce lapin géant faisait intégralement parti du quartier.

     

    Roa, artiste urbain, par Orlane Hoareau

    Roa, artiste urbain, par Orlane Hoareau

     

    Roa peint souvent avec l’accord des autorités locales. En effet ses œuvres nécessitent parfois plusieurs jours de travail. Il a pourtant déjà été arrêté par les autorités à Londres ou à Barcelone. Il souhaite rester anonyme et ne montre jamais son visage sur les photos ou les vidéos.

     

     

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    Jean-Michel Basquiat est né à New-York en 1960 et mort en 1988.

    Dès son plus jeune âge, Basquiat montre des aptitudes artistiques et voyant ce talent, sa mère, sensible à l’art , l’emmène au MOMA (Museum Of Modern Art) pour l’encourager à développer son talent.

    Durant son enfance , il fut renversé par une voiture et à l’hôpital, sa mère lui offre le livre : « Henri Gray’s  Anatomy of the Human Body » ou le « Gray’s Anatomy » qui lui servoira plus tard à réaliser une partie de ses œuvres .

    Marqué par la colère et la violence, il transmet ses sentiments dans ses œuvres et mélange BD, collages, signes de jazz ou du rap… pour s’exprimer et également lutter contre la discrimination raciale et la ségrégation .

    René RICARD, critique d’art, publie « The Radiant Child » (l’enfant radieux) en voyant les peintures de Basquiat. Cet article propulse la carrière de Basquiat et il expose ensuite au côté de Keith HARING, Enzo Cucchi…il fait parti du mouvement artistique : le Néo-expressionisme.

    Il travaillera plus tard avec Andy WARHOL avec qui il liera une très profonde amitié.

    En 1987, Andy Warhol meurt et Basquiat est touché : il ne peint plus et se drogue.

    Il «  réapparaît » un an plus tard et expose avec succès.

    Il mourra plus tard d’une overdose.

     

    Jean-Michel BASQUIAT

     

    Basquiat est obsédé par la mortalité, et grâce à son livre offert par sa mère, il peint « en transparence », c’est-à-dire qu’on voit l’intérieur du corps du personnage et ce dernier a le visage comme un masque africain, qui sont ses origines lointaines.  

     

    Jean-Michel BASQUIAT

     

    Il réalise également des autoportraits : 

     

    Jean-Michel BASQUIAT

                  

     

    Per Capita (1981)

     

     

    Jean-Michel BASQUIAT

     

     Analyse :

    Durant son enfance, Basquiat a lu beaucoup de BD, de comics. Il veut représenter ses héros préférés sur ses toiles : Superman et Flash.

    On voit en haut à droite, un éclair, signe de puissance (Flash) et on retrouve les couleurs de Superman : bleu, jaune et noir.

    Le boxer noir ressemble à la statue de la liberté, avec son bras tendu tenant une flamme.Au-dessus de lui : une sorte de couronne ou auréole,Basquiat veut montrer que les noirs peuvent aussi être des héros, il n’y a pas que les blancs.

    En haut au centre, on voit marqué : « E PLURIBUS… », c’est une citation de Benjamin Franklin, mais elle est incomplète :  « E PLURIBUS UNUM » qui signifie « un seul à partir de plusieurs »,  tout cela évoque les idéaux d’égalité et de liberté malmenés aux Etats-Unis.

    A gauche du tableau , il y a une liste d’Etats avec une somme d’argent : « Alabama :$7,484 ; Arizona :$8,646… » ceci indique ce que les noirs gagnaient mensuellement, mais il veut aussi montrer une réalité économique.

    « Per Capita » à droite signifie « par tête , par habitant ».

     

    Irony of negro policeman (1981)

     

     

    Jean-Michel BASQUIAT

     

    Ce tableau représente un policier noir.

    Basquiat a peint avec des couleurs vives et comme d’habitude, a comme base : les graffitis.

    Ce policier porte un chapeau qui ressemble a une cage autour de sa tête, on voit également au niveau de son visage un contour blanc : le policier porte un masque.

    Ce policier devrait sympathiser et protéger ses amis noirs, sa famille,mais il fait respecter les règles des blancs qui défavorisent les noirs.( paradoxe).

     

    Le chapeau montre comment limiter les perceptions indépendantes des noirs, le policier pense comme les blancs, il se déguise en blanc avec son masque, comme s’il faisait partie de la société blanche.

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    1- Michel Manouchian, un grand nom de la Résistance. 

      

    Michel Manouchian est un poète d'origine arménienne, arrivé en France en 1925, et qui a été fusillé le 21 février 1944 au Mont-Valérien pour son rôle actif dans les réseaux de la Résistance française. Il a grandi au coeur de l'empire Ottoman, et appartient à cette génération sacrifiée dont l'enfance a été marquée par le premier conflit mondial. À l'époque, une forte communauté arménienne vivait sur le sol de l'actuelle Turquie; Michel et ses parents cultivaient la terre dans une région rurale située au sud du pays. Lorsque la guerre éclate, l'empire se range dès le mois d'octobre 1914 du côté des allemands. Les arméniens du pays sont aussitôt désignés comme un ennemi intérieur, accusé de nourrir massivement les rangs de l'armée russe. Cette accusation vient s'ajouter à une longue liste de griefs, bien plus anciens, largement inspirés par un fort sentiment nationaliste. Le soutien affiché par quelques combattants arméniens aux forces russes est l'ultime prétexte que les autorités turques attendaient pour déchaîner sur l'ensemble de la communauté arménienne la violence de leur fureur nationaliste. Plus d'un million d'arméniens sont tués de 1915 à 1916. Il s'agit du premier génocide perpétré au vingtième siècle... Manouchian perd son père en 1915 et sa mère peu après. Il connaît alors une vie d'orphelin et ne doit sa survie qu'à la forte solidarité qui unissait les membres de sa communauté. 

    Lorsqu'il débarque à Marseille avec son frère en 1925, il n'a que 19 ans. Et pourtant, il a déjà derrière lui l'expérience d'une vie de réfugié, habitué à la clandestinité. Son frère décède en 1927 : à 21 ans, il est donc seul dans un pays qu'il ne connaît pas. 

    Il s'installe alors à Paris, où il fréquente les milieux artistiques. Avec un ami, il fonde deux revues littéraires dans lesquelles il traduit en arménien les œuvres des grands poètes français. 

    Sur le plan politique, il rejoint le parti communiste dès 1934 ; et quand la France est vaincue par l'Allemagne en 1941, il s'engage dans la Résistance. Nommé chef d'un groupe de résistants issus de l'immigration, il est arrêté en 1943 avec 23 de ses camarades à la suite d'une dénonciation. 

      

    2- Une affiche de propagande. 

      

    L'arrestation et l'exécution des membres du groupe Manouchian va être instrumentalisée par les nazis pour discréditer la Résistance. Ils vont publier plus de 15000 affiches sur lesquelles apparaissent les portraits de 10 résistants, accompagnés de légendes mentionnant leurs noms, leurs origines, leur religion et leurs « crimes ». Les nazis ambitionnent de briser le lien qui unit ces résistants à la population française, en pointant du doigt leurs origines étrangères et en assimilant leurs actions à des actes criminels. 

      

    L'affiche rouge, chanson de Léo Ferré

     

    3- Analyse du poème. 

    Aragon, poète et résistant français, écrit en 1955 un poème intitulé « strophes pour se souvenir », dans lequel il reprend en partie la lettre écrite par Manouchian à sa femme, Mélinée, le jour de son exécution. Son texte sera mis en chanson un an plus tard par Léo Ferré. 

     

    Strophes pour se souvenir 

      

    Vous n'avez réclamé la gloire ni les larmes
    Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
    Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
    Vous vous étiez servi simplement de vos armes
    La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

    Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
    Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
    L'affiche qui semblait une tache de sang
    Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
    Y cherchait un effet de peur sur les passants

    Nul ne semblait vous voir français de préférence
    Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
    Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
    Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
    Et les mornes matins en étaient différents

    Tout avait la couleur uniforme du givre
    À la fin février pour vos derniers moments
    Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
    Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
    Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

    Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
    Adieu la vie adieu la lumière et le vent
    Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
    Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
    Quand tout sera fini plus tard en Erivan

    Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
    Que la nature est belle et que le cœur me fend
    La justice viendra sur nos pas triomphants
    Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
    Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

    Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
    Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
    Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
    Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
    Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant. 

    Louis Aragon, 1955 

     

    Ci-dessous, la lettres de Manouchian à Mélinée :  

    « Ma Chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,

    Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.
    Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.

    Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense.

    Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous... J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse, j'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d'avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse. Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l'armée française de la libération.

    Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d'être lus. Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l'heure avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n'ai fait de mal à personne et si je l'ai fait, je l'ai fait sans haine. Aujourd'hui, il y a du soleil. C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis. Je pardonne à tous ceux qui m'ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu. Ton ami, ton camarade, ton mari. »
     

      

    Manouchian Michel. 

      

      

    Dans son poème, Aragon commence par rendre hommage à l'engagement de ces 23 résistants : la négation présente dans les deux premiers vers, avec notamment la répétition de la conjonction « ni », est une façon d’affirmer que ces résistants ne se sont battus que pour la liberté. L'adverbe « simplement » va exactement dans le même sens, ainsi que le dernier vers de la strophe : « La mort n 'éblouit pas les yeux des partisans ». Si la mort n'effraie pas les partisans, elle n'est pas non plus pour eux une porte ouvrant sur la gloire. Ces hommes ne sont pas des illuminés, ils se battent uniquement pour libérer le monde de l'oppression nazie.

     

    Le quintil suivant décrit l'affiche de propagande sur laquelle apparaissaient les visages de certains membres du groupe Manouchian. Il insiste notamment sur l'effet recherché par les allemands (« hirsutes menaçant » ; « un effet de peur sur les passants ») : salir les résistants et terroriser la population .

     

    Dans la troisième strophe, Aragon sous-entend, au départ, que l'entreprise de propagande a réussi. Mais cette apparente victoire des propagandistes nazis est aussitôt démentie. Au vers 3, Aragon évoque en effet ces nombreuses personnes, qui, clandestinement, ont voulu rendre hommage à Manouchian et ses camarades en écrivant sur les affiches : « MORTS POUR LA FRANCE ». Un changement graphique se produit alors dans le poème puisque ces mots apparaissent en lettres capitales. Il permet de faire ressortir au milieu du poème, comme sur les monuments aux morts, cette inscription par laquelle la France rend traditionnellement hommage à ses héros.

     

    Dans le quintil suivant, Aragon « réécrit » la lettre que Manouchian a rédigée pour sa femme le jour de son exécution. Il emprunte au résistant certains passages de sa lettre : « Bonheur à tous bonheur à ceux qui vont survivre ». Un nouveau changement se produit alors sur le plan graphique : Aragon écrit en italique. Dans sa réécriture de la lettre, il met en avant l'amour de Manouchian pour la nature : « la beauté des choses », « que la nature est belle ». Il insiste aussi sur le fait que Manouchian a « la conscience bien tranquille ». Enfin, il met en avant sa « dernière volonté » qui sonne comme un ultime appel à la vie : « Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant ». Au moment de mourir, Manouchian ne pense qu’au bonheur de sa femme et à celui de « tous ceux qui vont survivre ».

     

    Enfin dans la dernière strophe, on a l'anaphore du nombre de résistants exécutés le 21 février 1944 au Mont-Valérien (« Vingt-et-trois »), afin que leur nombre et leur unité demeurent à jamais dans les consciences. 

     

     

    4- La chanson de Ferré. 

      

      

    Elle restitue brillamment l'affliction du poète. Ferré semble par moments ravaler ses sanglots. On entend, à plusieurs reprises, des trémolos dans sa voix, qui traduisent une émotion sincère. Les choeurs, soutenus par aucun instrument, installe une atmosphère solennelle, presque religieuse. Certains mots ne sont pas chantés, comme : « MORTS POUR LA FRANCE ». Et lorsque Ferré arrive à la lettre de Manouchian, le rythme ralentit et les choeurs s'atténuent, comme si le temps était suspendu.  

      

      

     

      

     

     

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  • Biographie et contexte.

     

     

    Gil Scott Heron est un artiste américain, à la fois poète et musicien, qui s'est éteint en 2011 à l'âge de 62 ans. Au rayon de ses grands succès, deux morceaux paraissent incontournables: « the bottle », dont la postérité a été assurée par son immense succès lors de sa sortie en 1975, mais aussi par les reprises - pas toujours très heureuses – des nombreux artistes qu'il a inspirés. Et puis il y a surtout ce morceau inoubliable, intitulé « the revolution will not be televised », dont le titre résume parfaitement le propos de l'artiste. À cette société qui s'assoupit dans son fauteuil, devant son poste de télévision, Gil Scott Heron adresse un avertissement cinglant : tant que nous resterons passifs, rien de nouveau ne pourra advenir. Le futur, c'est à nous de l'écrire.

    Cette nécessité de s'engager est réaffirmée dans de nombreux morceaux. Et dans les années 70, à l'époque où les noirs américains ressentent encore les effets des lois ségrégationnistes, Gil Scott Heron a les yeux tournés vers l'Afrique du sud, pays dans lequel le régime de l'apartheid prive encore les noirs de tout droit civique. Au tout début de la décennie, bien que les grèves soient encore interdites, les mouvements de protestation se multiplient dans tout le pays, notamment chez les mineurs de Johannesbourg. Mais l'information, aux mains de la population blanche, a beaucoup de mal à passer les frontières du pays. Les nouvelles qui parviennent aux américains sont  à la fois tronquées et suspectes: il est fort probable que les autorités sud-africaines cherchent en effet à contenir les critiques de l'opinion publique internationale en minimisant la violence de leur répression.

    Pour clamer haut et fort sa solidarité à l'égard de ce peuple noir, qui lutte contre l'oppression d'un système ségrégationniste, Gil Scott Heron sort en 1975 un morceau sobrement intitulé « Johannesburg ». Dans cette chanson, il s'adresse à son public pour lui demander ce qu'il se passe là-bas. Si les informations sur le sort des noirs d'Afrique du Sud ont du mal à parvenir jusqu'en Amérique, c'est aux américains eux-mêmes d'aller chercher l'information. Gil Scott Heron exhorte ainsi son public à tendre l'oreille aux cris qui leur arrivent de là-bas. Et il espère aussi que, de leur côté, ses frères africains pourront entendre son message de solidarité.

     

    Le texte et sa traduction.

     

     

     

    What's the word? 
    Tell me brother, have you heard 
    From Johannesburg? 
    What's the word? 
    Sister/woman have you heard 
    From Johannesburg? 
    They tell me that our brothers over there 
    Are defyin' the Man 
    We don't know for sure because the news we 
    Get is unreliable, man 
    Well I hate it when the blood starts flowin' 
    But I'm glad to see resistance growin' 
    Somebody tell me what's the word? 
    Tell me brother, have you heard 
    From Johannesburg? 
    They tell me that our brothers over there 
    Refuse to work in the mines, 
    They may not get the news but they need to know 
    We're on their side. 
    Now sometimes distance brings 
    Misunderstanding, 
    But deep in my heart I'm demanding; 
    Somebody tell me what's the word? 
    Sister/woman have you heard 
    'bout Johannesburg? 
    I know that their strugglin' over there 
    Ain't gonna free me, 
    But we all need to be strugglin' 
    If we're gonna be free 
    Don't you wanna be free?

    Quel est le mot?
    Dis-moi frère, as-tu entendu,
    En provenance de Johannesburg?
    Quel est le mot?
    Soeur / femme avez-vous entendu
    Depuis Johannesburg?
    On me dit que nos frères là-bas
    Défient «l'Homme »
    Nous ne savons pas avec certitude, car les nouvelles que nous recevons ne sont pas fiables, mec
    Eh bien, je déteste quand le sang commence à couler
    Mais je me flatte de voir grandir la résistance
    Quelqu'un me dit quel est le mot?
    Dis-moi frère, as-tu entendu
    En provenance de Johannesburg?
    On me dit que nos frères là-bas
    Refusent de travailler dans les mines,
    Ils ne peuvent pas avoir des nouvelles, mais ils ont besoin de savoir
    Que nous sommes à leurs côtés.
    Après, parfois la distance génère
    Des incompréhensions,
    Mais au fond de mon cœur, je l'exige;
    Quelqu'un me dit quel est le mot?
    Soeur / femme avez-vous entendu
    Au sujet de Johannesburg?
    Je sais que leur combat là-bas
    Ne va pas me libérer,
    Mais nous avons tous besoin d'être combatifs
    Si on veut être libres
    Ne veux-tu pas être libre?

     

    Analyse du morceau.

     

     

    Ce qui frappe, au niveau du texte, c'est l'insistance avec laquelle Gil Scott Heron interpelle son public. Il lui réclame de s'interroger lui-aussi sur ce qui se passe en Afrique du Sud. Là-bas, l'Homme avec un grand « H » est nécessairement blanc : les noirs sont non seulement opprimés, mais aussi niés en tant qu'êtres humains par le régime de l'apartheid. Et si Gil Scott Heron se revendique comme un pacifiste, il ne peut que se réjouir des fissures que les grèves à répétition produisent dans ce système abject. Le sang coule, mais la liberté progresse.

    Ce combat des sud-africains est aussi un rappel pour les noirs américains : eux aussi doivent continuer à se battre pour leurs droits, car personne ne le fera pour eux.

    Dans le live ci-dessous, on aperçoit un Chekéré, un instrument originaire d'Afrique de l'ouest, dans les mains d'un musicien coiffé d'un bonnet tribal. Difficile d'en déterminer la provenance exacte, mais on peut penser, sans trop extrapoler, qu'il s'agit d'une coiffe traditionnelle appartenant à un des nombreux peuples d'Afrique du Sud. Par ce petit clin d'oeil, Heron et ses musiciens réduisent un peu la distance qui les sépare du peuple sud-africain.

     

    Vidéo à l'adresse suivante:

    http://www.wat.tv/video/gil-scott-heron-johannesburg-74ozv_74oz5_.html

     

     

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